Bo&Me, Fight Club
Comme dans l’histoire du film de David Fincher, les fondateurs de Bo&Mie veulent bousculer les codes, bouleverser l’ordre établi, en créant un concept qui a l’ambition de renouveler la boulangerie classique. La boulangerie créative est-elle l’avenir de la boulangerie ? Originalité et accessibilité peuvent-elles cohabiter ? Rencontre.
« J’aime les challenges, il me fallait nouveaux paris à atteindre, de nouveaux rêves à réaliser.» Jean-François Bandet explique ainsi la raison du changement de vie qu’il vient de réaliser au cours des deux dernières années de son existence. Rien en effet, ne laissait présager de l’arrivée tonitruante de cet entrepreneur dynamique dans la boulangerie. Un métier, un environnement aux antipodes de sa vie d’avant.
DU MMA A LA BVP
On dit souvent que la passion est l’énergie qui donne des ailes à ses rêves. Cela pourrait résumer ce qui est en train de se passer pour Jean-François Bandet. Et de l’énergie, il en a à revendre. Déjà, par le passé, il n’a pas hésité a changer de vie. En 2004, il plaque sa carrière dans un grand groupe (IBM) et son petit bureau de 15 m2, pour se lancer dans une aventure incroyable. Avec son associé, Franck Dupuis, ils créent leur propre société, Dragon Bleu. Au départ, spécialisés dans la vente de vêtements et d’accessoires de sport de combat, ils lancent alors leur propre marque, Venum, centrée sur le free fight. Rapidement, Venum s’impose très vite comme la marque phare pour les adeptes de MMA (Mixed Martial Arts), et l’entreprise française devient une référence mondiale.
Puis, un beau jour de 2014, Jean-François Bandet remet « les compteurs à zéro.» Il a besoin d’un nouveau challenge et sa décision fait l’effet d’une bombe dans son entourage. « Le développement de Venum était mûr et je souhaitais poursuivre une autre aventure», affirme le jeune entrepreneur. Nous sommes en 2014. Il décide de vendre ses parts à son associé et change radicalement de vie… une nouvelle fois !
CAP SUR LA BOULANGERIE CRÉATIVE
Amoureux de gastronomie, il jette alors son dévolu sur un métier qui le passionne : la boulangerie-pâtisserie. En 2015, il intègre l’École Ferrandi et y fait la rencontre de Magali Szekula, elle-même juriste en reconversion, avec qui il décide de se lancer dans cette nouvelle vie. Après quelques stages dans des boulangeries parisiennes, ils mitonnent ensemble leur projet, font mûrir leur futur concept, pour définitivement ouvrir leur première boutique à Paris en novembre dernier. Bo&Mie voit donc le jour en plein centre de la capitale, au 18 rue de Turbigo à deux pas du métro Etienne Marcel.
« Nos 2 chefs Pâtissiers ont plus de 10 ans d’expériences dans des Maisons d’exception comme le Meurice, le Peninsula ou le Hyatt Etoile. Notre équipe de boulangers ne produit que des pains sur base de levain naturel. On peut donc proposer des produits d’une qualité équivalente à ce que l’on peut trouver dans de très grandes Maisons tout en restant dans des fourchettes de prix raisonnables»
Son objectif est de proposer des pains, viennoiseries et pâtisseries revisités, originaux et modernes mais à des prix accessibles. « C’est l’essence même de Bo&Mie», assure Jean-François Bandet, « Nous voulons proposer une offre de haute qualité 100 % artisanale, tout en restant dans une gamme de prix accessible. Sur Paris, la qualité se paie souvent au prix fort. Avec notre concept, on essaie de se concentrer sur l’essentiel pour rester accessible au plus grand nombre : des matières premières de qualité et un savoir-faire éprouvé.» Pour atteindre cet ambitieux objectif, il s’est entouré d’une équipe de 6 professionnels qui, pour la plupart, ont fait leurs classes dans les plus grands palaces parisiens. « Nos 2 chefs Pâtissiers ont plus de 10 ans d’expériences dans des Maisons d’exception comme le Meurice, le Peninsula ou le Hyatt Etoile. Notre équipe de boulangers ne produit que des pains sur base de levain naturel. On peut donc proposer des produits d’une qualité équivalente à ce que l’on peut trouver dans de très grandes Maisons tout en restant dans des fourchettes de prix raisonnables», affirme Jean-François Bandet.
UN DÉVELOPPEMENT RAISONNÉ
Son concept, l’entrepreneur imagine le développer sur les valeurs du “fait maison” avec une grande maîtrise du process et des matières premières. Il a, par exemple, instauré une grande proximité avec son meunier, les Moulins de Chérisy, pour travailler des farines lui permettant d’atteindre ses objectifs en termes de goût, d’offre et de fabrication. Mais au fait, pourquoi Bo&Mie ? « Bo » parce que Bo&Mie c’est beau, c’est bon, comme l’éclair touchoko, la tarte au citron et son émulsion, le Royal chocolat noisette ou encore le Tiramisu coque choco/amande que les chefs pâtissiers ont revisité. Et « Mie », parce que dans cette avalanche de goûts et de couleurs, les viennoiseries, le pain et sa mie, restent le cœur de ce voyage, au milieu des saveurs où l’on se perdrait avec envie, à l’envie. Vous le savez, Honoré Le Mag aime soutenir de belles histoires comme celle de Jean-François Bandet et Magali Szekula.
Nous allons donc suivre et accompagner Bo&Mie dans son évolution. Déjà, l’entrepreneur qui aime à dire qu’il a imaginé une boulangerie qui « me ressemble» vise l’ouverture d’une deuxième boutique dès la fin de cette année. « Nous avons beaucoup d’ambition, mais ce métier incite aussi au pragmatisme. Il vous apprend la modestie et tout ce que vous avez fait avant est effacé. On repart de zéro. Notre développement se fera donc sans précipitation. Mais nous avons pour objectif d’atteindre rapidement une taille critique que j’estime à 2-3 boutiques », précise Jean-François Bandet. Fort de sa précédente expérience à l’international avec la marque Venum, le développement de Bo&Mie est aussi d’actualité hors de France. « Dans l’immédiat, nous allons nous concentrer sur l’ouverture de nouvelles boulangeries à Paris, en France et consolider nos acquis. Mais, je suis persuadé que le développement à l’international peut se faire en parallèle. » A coup sûr, Jean-François Bandet est prêt à mener ce combat.
Le concept en images
Laurent Estèbe, Honoré Le Mag n°20
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