Louis-Marie Bellot, meunier éthique
Implantée sur son site historique de Saint-Martin-de-Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres, Bellot Minoteries fête cette année ses 230 ans. Louis-Marie Bellot, qui a pris les rênes de l’entreprise familiale l’année dernière, incarne parfaitement le nouvel élan du minotier. La preuve avec l’inauguration fin 2018 d’un nouveau site de production pour assurer le développement de nouvelles activités et le lancement de la farine à la marque “C’est qui le Patron ?!” Il interviendra le 19 novembre à la CIBM du 19 novembre à la table ronde, « La Filière à l’heure de l’éco-citoyenneté »
Honoré Le Mag : Bellot Minoteries, c’est avant tout une histoire de famille qui date de 1550 ?
Louis-marie bellot : Oui, nos racines meunières sont profondes. De marchands fariniers en 1550, la famille Bellot est devenue minotière à la faveur d’un mariage qui nous a permis de nous installer sur le moulin de Geoffret au cours du XVIIIe siècle. Devenu bien national après
la Révolution, le moulin a alors été racheté en totalité par la famille Bellot. A l’époque, le site comptait 3 moulins (blé, céréales secondaires et écorces de chênes). Les meules sont alors actionnées par
l’énergie hydraulique produite par la Sèvre Niortaise et la production est acheminée par charrettes jusqu’à Niort et aux alentours. Ce n’est qu’à la fin de la seconde Guerre Mondiale que Yves et Yvan Bellot ne montent le Moulin Neuf, qui correspondait à la nouvelle génération de minoteries : il est alors doté de cylindres qui remplacent définitivement les meules et est actionné grâce à une turbine. Sa capacité de production est portée à 10 tonnes de blé par 24 heures. Les droits d’écrasement sont alors de 3 600 tonnes.
HLM : C’est votre père, Jean-Paul Bellot qui a poursuivi la modernisation du moulin ?
LMB : Il a en effet mené notre moulin familial sur le chemin de la modernité avec de nombreuses améliorations techniques,pour porter la production journalière à 60 tonnes en 1988. Notre minoterie a d’ailleurs été le premier moulin certifié ISF (International Food Standard) en France en 2006.
HLM : Vous êtes arrivé à la tête de l’entreprise familiale l’année dernière à l’âge de 27 ans, alors que la meunerie n’était pas particulièrement votre première option ?
LMB : En effet, je ne me destinais pas à ce métier. Après le bac, j’ai eu un parcours en école de commerce, à l’INSSEC à Bordeaux, et j’ai achèvé ma formation par un Master 2 à l’école de Management de Lyon. Mais c’est avec beaucoup d’envie que je m’engage dans cette aventure, celle de la 16e génération des Minotiers Bellot. Aujourd’hui nous écrasons annuellement 90 000 tonnes de blés et produisons 72 000 tonnes de farines. Depuis 3 ans, nous avons accéléré nos investissements avec plus de 2 M€ injectés dans notre outil de production. Nous devions l’adapter aux attentes spécifiques de nos clients. Près de la moitié de notre chiffre d’affaires (47 %) est réalisée auprès des industries et chaînes de boulangerie. Le reste se répartit pour l’essentiel, et à parts égales (25 %), entre les grandes et moyennes surfaces et les boulangeries artisanales.
HLM : Cela passe par votre engagement dans la filière CRC® et votre implication avec la marque “C’est qui le Patron ?!” ?
LMB : Nous avons de grandes ambitions pour notre entreprise,et je veux l’ancrer dans le 21e siècle avec de fortes valeurs sociétales et environnementales : satisfaction totale de nos clients, lean management, transition numérique, construction d’une 3e unité de production, et amélioration des conditions de travail de mes collaborateurs. Le choix de notre engagement dans la filière CRC* et le réseau Agri-Ethique correspond à nos objectifs. La farine pour la marque “C’est qui le Patron ?!” est presque une suite logique.
HLM : Comment avez-vous réussi à devenir leur fournisseur de farine ?
LMB : Ce fut un peu au hasard ou au culot,comme vous préférez. J’ai contacté par email les équipes de la marque, et rapidement, nous avons rencontré le fondateur, Nicolas Chabanne. Tout est allé très vite. Ils pensaient déjà commercialiser une farine “C’est qui le Patron ?!”, nous arrivions au bon moment. Le plus compliqué fut peut-être de convaincre les acteurs de l’amont de la filière… Mais,
désormais, nous fournissons depuis mars 2019, une farine T65, qui garantit une juste rémunération aux producteurs, de l’ordre de 205 € la tonne de blé pendant 3 ans. C’est vers de telles valeurs que nous
souhaitons porter notre projet d’entreprise à l’horizon 202
Retrouvez cet article dans le tout dernier Honoré Le Mag n°28 et ne manquez pas Louis-Marie Bellot à la Convention Internationale de la Boulangerie Moderne lors de laquelle il interviendra et présentera son engagement.
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