La meunerie fait de la résistance face à la crise liée au coronavirus
Dans une étude parue la semaine passée, Xerfi précise que le secteur de la meunerie bénéficie d’une bonne capacité de résistance face à la crise provoquée par la Covid-19, grâce notamment à un certain degré de continuité de l’activité pendant le confinement. Certes, les fermetures dans l’hôtellerie-restauration ont pesé indirectement, sur la demande adressée aux meuniers. Pour autant, le maintien de l’activité des boulangeries artisanales et des spécialistes de la plupart des acteurs de la BVP industrielle, aura permis de remplir les carnets de commande, tout comme le boom des ventes de farines en sachet en GMS (un débouché qui ne pèse toutefois que 5 % des volumes).
Malgré un environnement globalement dégradé et incertain, le chiffre d’affaires du secteur de la meunerie est évalué par les experts de Xerfi en progression de 0,5 % en 2020 en valeur. Les volumes de production resteront à un niveau élevé grâce à un haut degré de continuité de l’activité pendant le confinement. Par ailleurs, les fondamentaux sont plutôt bien orientés du côté de la demande, avec notamment de nombreux investissements capacitaires qui ont eu lieu ces derniers mois dans la BVP industrielle et de la biscuiterie, deux secteurs qui représentent près de la moitié des débouchés des meuniers en volume. La production de farine devrait donc à nouveau progresser en 2020 (+0,5 % en volume). Les meuniers implantés dans l’Hexagone devront toutefois composer avec la concurrence croissante des farines étrangères, plus compétitives. A ce titre, les importations de farine ont doublé entre 2010 et 2019 en valeur, à cause notamment de la pénétration croissante des produits en provenance d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie.
Vers la fin des exportations françaises de farines ?
Dans cette même étude, les auteurs Nicolas Garin et Matteo Neri, posent la question des exportations de farines françaises. En effet, les perspectives moroses à l’export constitueront un frein à l’activité des minotiers français. Certes, les ventes à l’étranger ne représentaient que 8 % du chiffre d’affaires sectoriel en 2016, néanmoins, l’effondrement des exportations ces 5 dernières années (- 44 % en volume depuis 2013) a sensiblement plombé le chiffre d’affaires du secteur. Les meuniers français sont en effet confrontés à un important déficit de compétitivité sur les marchés internationaux, où ils sont en concurrence directe avec leurs homologues turcs (qui peuvent compter sur une filière largement subventionnée par l’État), kazakhs ou argentins. Sur un produit à faible valeur ajoutée telle que la farine, il sera difficile pour les industriels de l’Hexagone de s’aligner sur les prix des nouveaux leaders mondiaux. Ainsi, alors que le poids de la France dans les échanges mondiaux de farine est passé de 10 % en 2003 (en valeur) à moins de 3 % en 2019, l’érosion des exportations est amenée à se poursuivre dans les années à venir.
L’innovation, réel moteur de croissance
Face à un marché domestique mature et des perspectives de développement ternes à l’export, les meuniers français ont accentué leurs stratégies de montée en gamme. Ainsi, sur ce marché traditionnellement peu valorisé et dominé par les MDD, les innovations se succèdent ces derniers mois (farines bio, sur meule de pierre, sans gluten, etc.). Tout au long de l’année 2019, les Grands Moulins de Paris ont par exemple commercialisé des nouveautés, à l’image de la Campaillette Epoca, élaborée à partir de céréales anciennes et de graines, ou encore une référence de pain muesli, composé de divers ingrédients (fruits, graines, noix, etc.). Le segment des farines bio est notamment devenu un enjeu important pour les opérateurs du secteur. A ce titre, Axiane Meunerie a étendu sa gamme de farines bio Lemaire, tandis que Soufflet Meunerie a inauguré en avril 2019 un moulin 100 % dédié au bio à Lozanne (Rhône). Par ailleurs, une véritable filière « durable » est en train d’émerger sous l’impulsion des industriels. Vivescia s’est par exemple illustré en annonçant des approvisionnements de grains 100 % durables pour ses farines d’ici 2025, tandis que Soufflet Meunerie a lancé son label Baguépi Farine Responsable (qui garantit des produits sains, de qualité et d’origine France) en février 2018, avec l’appui de 400 agriculteurs partenaires. Terrena a pour sa part développé son offre sous marque La Nouvelle Agriculture, qui implique un cahier des charges avec des pratiques agricoles plus traditionnelles et respectueuses de l’environnement. Plus globalement, il s’agit pour les minotiers de capter davantage de valeur en renouvelant l’image de leur produit, trop souvent perçu comme un ingrédient de base à faible valeur ajoutée.
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