L’environnement de la meunerie française dans le détail

Dans sa dernière lettre d’information, l’ANMF (Association Nationale de la Meunerie Française) précise que l’année 2022 s’est illustrée par une croissance importante des chiffres d’affaires en meunerie (2021-2022 : + 25,7 % et 2022-2023 : + 2,8 %) comme dans les autres maillons de la filière céréalière. Cette évolution ne s’est cependant pas accompagnée par l’augmentation de la rentabilité des entreprises de la meunerie. En effet, l’augmentation des prix des matières premières (blé) et des charges de production (énergie, salaire, …) n’a pas été intégralement intégrée dans le prix de vente final de la farine. Celui-ci a donc faiblement évolué comparé à l’inflation générale des prix alimentaires. Cela a d’ailleurs contribué à la maitrise de la hausse du prix du pain durant ces dernières années. La montée des charges de l’électricité est telle que la France a vu le prix du kilowattheure doubler entre 2022 et 2023, et est passée du pays du kilowatt le moins cher au top 3 des plus chers parmi les pays européens producteurs de farine. Conséquence, après 5 années de marges nettes comprises entre + 0,1 et + 0,9 % du chiffre d’affaires, en 2022, le Résultat Courant Avant Impôt passe sous la barre de -1 % pour la première fois depuis 2010. Cela met davantage de pression sur le maillon meunerie qui est déjà confronté aux difficultés de financement de ses investissements depuis plusieurs années avec les dotations aux amortissements qui se contractent régulièrement. L’inflation, qui a touché l’ensemble des secteurs de l’agroalimentaire, a entrainé la hausse du chiffre d’affaires de la meunerie qui dépasse les 2 milliards d’euros en 2022. L’augmentation du prix des farines en 2022 a été la conséquence d’une part, de la très forte hausse du prix de blé amorcée 6 mois plutôt, et d’autre part de l’alourdissement des charges de production : énergie, salaire, emballage, … Cette progression du prix des farines a été brève (environ 12 mois) et n’a pas couvert l’ensemble de la hausse des charges. Cela s’est traduit par la
dégradation de la marge nette de la meunerie qui devient négative (- 1,3 % du CA) en 2022. C’est une première depuis la lancement de l’Observatoire de la formation des prix et des marges en 2010. Cette perte de résultat intervient après plusieurs années de compression de la marge nette qui demeure sous la barre des 1 % depuis 2017. Cela met davantage de pression sur la meunerie qui doit investir pour faire face à la concurrence internationale, satisfaire aux attentes qualitatives des consommateurs et aux exigences sanitaires de la règlementation, et mener la transition durable. Après cinq années de recul, l’indicateur de marge brute de la meunerie revient à son niveau de 2017 où elle était à 25 centimes par kilogramme de baguette. En 2017, cet indicateur représentait 7,5 % du prix (HT) du kilogramme de la baguette. Même à 27 centimes en 2023, il représente 7,2 % du prix de la baguette. Ce rétablissement de la marge brute, bien que partiel, était attendu par la meunerie. Il pourra permettre de réaliser une marge nette, certainement faible, mais positive en 2023. L’effet de l’inflation est plus marquant sur la hausse du CA, mais demeurera limité sur les gains de performance
économique.