Xerfi : la dynamique du marché de la BVP industrielle peut-elle marquer le pas ?
Matteo Neri, directeur d’études chez Xerfi, vient de publier une récente étude sur le thème de “La boulangerie, viennoiserie et pâtisserie industrielle : adapter les stratégies pour saisir les nouvelles tendances de consommation et réussir à l’international ”. Dans cette étude, Xerfi annonce un chiffre d’affaires des fabricants de BVP industrielle a nettement ralenti en 2024 (+0,5 % à environ 8 milliards d’euros) après une croissance exceptionnelle entre 2021 et 2023. La hausse de la demande sur le marché français a certes stimulé l’activité des spécialistes du préemballé et des fournisseurs de la restauration. Toutefois, les hausses de tarifs ont été moindres qu’en 2023 et les ventes à l’export des spécialistes du surgelé (Vandemoortele ou Délifrance) ont plongé. Une chute qui résulte de l’érosion de la compétitivité des industriels tricolores après la flambée des prix observée entre 2022 et 2023. En parallèle, le reflux des cours des principales matières premières ainsi qu’une hausse maîtrisée de la masse salariale ont permis au taux d’EBE (excédent brut d’exploitation) de retrouver l’an dernier son niveau d’avant-crise sanitaire. D’ici 2028, nous anticipons une progression du chiffre d’affaires des industriels d’environ 2,5 % par an en moyenne, très en deçà des années de croissance hors normes d’avant 2024. En France, les spécialistes du préemballé pourront en effet compter sur une demande bien orientée en Grandes Surfaces Alimentaires tandis que les fournisseurs de la restauration miseront sur l’essor de la restauration rapide. A l’inverse, les spécialistes du surgelé pâtiront d’un environnement toujours incertain à l’international, en particulier si des droits de douane supplémentaires venaient toucher les produits de BVP exportés aux Etats-Unis. Dans un contexte macroéconomique incertain, les défaillances d’entreprises ont augmenté en 2024 et les créations de la BVP industrielle sont tombées à un point bas. Bien que de très nombreuses structures de petite taille soient actives dans le secteur, ce dernier se caractérise par le poids relativement important des entreprises de plus de 100 salariés et une forte concentration. Le coût de l’investissement initial et la renommée des grandes marques nationales dans les circuits grand public constituent en effet de sérieuses barrières à l’entrée. Ce n’est donc pas le fruit du hasard si plusieurs grands industriels dominent le marché grand public grâce à des marques à forte notoriété comme Harry’s, Jacquet et Pasquier. Bridor, Délifrance, Bimbo ou encore Neuhauser sont, pour leur part, les leaders du surgelé commercialisé par les circuits professionnels. Mais dans un contexte de pressions persistantes sur le pouvoir d’achat, les grandes marques ont cédé du terrain sur le segment phare de la viennoiserie en grande distribution au profit des marques distributeurs qui ont vu leurs ventes bondir de 28 % en 2024. Les marques de distributeurs représentent par ailleurs plus de 40 % de parts de marché sur le segment des pains préemballés.
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