La meunerie française face à de nouveaux défis
La Convention 2025 de l’Association Nationale de la Meunerie Française (ANMF), qui s’est déroulée fin juin à Paris, s’est par une prise de parole engagée de son président, Jean-François Loiseau, qui a posé les enjeux avec clarté : la transition environnementale est une nécessité, mais elle ne pourra réussir sans équilibre économique et soutien public. « Les entreprises de l’agroalimentaire souffrent d’une surrèglementation qui induit de nombreux coûts », a-t-il rappelé, dénonçant une pression croissante sur un secteur devenu trop souvent une « variable d’ajustement » face aux tensions sur le pouvoir d’achat. Face à ces défis, le message est resté résolument mobilisateur : « La filière céréalière sera au rendez-vous de la décarbonation. » Un appel clair à l’action collective et à la cohérence, pour bâtir une filière durable, performante… et pleinement actrice de la transition.
Une progression de 40 % des importations de farine
Les chiffres clés de l’année 2024 montrent un autre défi. Si la production de farine est en hausse de 5,5 % à 4 millions de tonnes de farine de blé poussée par des marchés en croissance (boulangeries industrielles, industries alimentaires pains de mie, pizza…, l’amidonnerie et l’alimentation animale) avec un marché dynamique, en revanche la rentabilité est au plus bas, parmi les plus faibles des Industries Agroalimentaires. La hausse des charges n’étant pas couverte pas la progression des chiffres d’affaires des entreprises de meunerie. Un frein à la modernisation et aux investissements pourtant nécessaire dans les moulins. Autre point d’inquiétude, la progression de 40 % des importations de farine, principalement en provenance d’Allemagne et de Belgique. Les farines allemandes occupent à présent le quart des rayons des GMS, surtout en MDD et premier prix.
Qualité sanitaire : un engagement au quotidien
Lancé en juillet 2024, le Plan de Surveillance Meunerie “Contrôle F” est un plan ambitieux géré par l’ANMF, qui rassemble les résultats des analyses sanitaires (mycotoxines, microbiologie, allergènes, métaux lourds et produits phytosanitaires) des 67 entreprises engagées (79 % des farines). Ce plan permet de suivre la situation sanitaire générale, d’identifier les risques émergents et d’agir en conséquence. Les résultats du plan ont ainsi montré une hausse très importante des contaminations en alcaloides de l’ergot cette campagne. Conséquence des difficultés de désherbage, du manque d’herbicides. Une situation qui confirme l’impossibilité d’abaisser encore les seuils réglementaires en 2028 comme le prévoit la réglementation européenne. Plus généralement cela met en lumière le besoin de penser le sanitaire du champ jusqu’au transformateur et de donner aux entreprises les moyens d’investir sur cet enjeu. Face à cette pression sanitaire, l’ANMF se mobilise donc pour demander le soutien de l’Etat à l’acquisition de matériel de tri, demander également l’alignement des seuils entre le blé et la farine en ce qui concerne les alcaloïdes de l’ergot. La profession souhaite intervenir auprès des pouvoirs publics français et européens pour éviter la baisse des seuils prévue pour 2028, dans l’attente de solutions pour maîtriser l’ergot, ce qui nécessite des actions de recherche et de développement.
Seconde saison pour “ChasseursDeGraines.fr”
Lancé il y a un an avec le soutien du ministère de l’Agriculture, ChasseursDeGraines.fr a fêté son premier anniversaire en février. Cette campagne participative originale a obtenu le prix de la Meilleure Stratégie de Communication du CEDAP. Depuis sa création, le projet n’a cessé d’évoluer : nouveau design, fiches métiers enrichies, contenus inédits, et arrivée sur Tik-Tok. Ces évolutions ont porté leurs fruits : le site a atteint 30 000 visiteurs (contre 8 000 lors de la dernière convention) ; les réseaux sociaux cumulent désormais 1,3 million de vues (contre 500 000 précédemment) ; et plus de 100 millions de sachets baguette ChasseursDeGraines.fr ont été distribués, grâce à la mobilisation des adhérents et des professionnels de la filière. Dès septembre prochain, la carte interactive du site sera connectée au moteur de recherche d’offres d’emploi national de France Travail, devenu partenaire.
En clôture de cette Convention 2025, les échanges ont confirmé l’ambition commune de construire une filière céréalière engagée, résiliente et pleinement actrice de la transition environnementale et alimentaire. Mais au-delà des objectifs techniques ou économiques, le sens de l’action collective a été rappelé avec force par le président Jean-François Loiseau : « L’enjeu stratégique reste l’éducation de tous à l’alimentation. » Dans un contexte de transformation profonde, il a également souligné la nécessité d’un effort coordonné, constant et partagé : « Nous ne pouvons rien seuls, c’est par l’union et la répétition que nous réussirons. » Une conviction forte qui guidera les travaux de la filière dans les mois et années à venir.
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