La dégradation de la rentabilité de la meunerie se confirme selon le Crédit Agricole

Dans une récente analyse sur la santé financière de entreprises, le Crédit Agricole conclut à la dégradation de la rentabilité de la meunerie, et confirme ce qui été annoncée par l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges dans son rapport annuel de juillet dernier. Le Crédit Agricole identifie également que l’endettement augmente, concomitamment à la baisse des investissements. L’inflation des prix des matières premières et de l’énergie a entrainé une progression du chiffre d’affaires qui n’a pas couvert la hausse des charges, avec comme conséquence une rentabilité au plus bas en 2022/2023. Tous les indicateurs de rentabilité sont dégradés, à commencer par les marges brutes qui affichent une hausse (+5,9 %) sans commune mesure avec le chiffre d’affaires (+19 %) et reculent ainsi en pourcentage du CA (- 4 points). Les charges externes, énergie et salaires, ayant enregistré une progression de plus de 11 %, le résultat d’exploitation de la meunerie s’est maintenu sur sa pente descendante depuis 2020 et le taux d’EBITDA se retrouve à son plus bas niveau historique à 2,1 % du CA. Ce dernier chiffre n’est plus en mesure de couvrir les charges restantes (financières, amortissements, exceptionnelles), ce qui explique un déficit pour toutes les catégories d’entreprises ; PME (-2,1 % du CA) comme ETI (-1 %). En termes de structure financière, l’endettement des entreprises a augmenté, en lien avec le renchérissement des prix et l’augmentation des créances clients, avec une capacité dynamique de remboursement allongée (5 ans en moyenne, contre 3,5 ans en 2021/2022). Par rapport aux fonds propres, l’endettement net de la meunerie s’élève à 72 % en 2022/23 (vs 57,7 % en 2021/22, comparé aux 57,6 % pour l’ensemble de l’industrie agroalimentaire (IAA). Cela contraste avec le processus de désendettement observé ces trois dernières années. Ces résultats financiers ont été réalisés dans un contexte où les ventes de farine étaient en baisse (-2,9 %). En 2024, le marché de la farine se retrouve dans une tendance haussière qui pourrait se traduire par une croissance de +5 % des ventes. Ce dynamisme concerne à la fois le marché intérieur et les échanges avec une forte augmentation (+35-40 %) attendue pour les importations de farine en France. L’Allemagne, en tête des fournisseurs, devrait concentrer près de 70 % des volumes importés. En 2024, la marge est surtout prévue pour être stabled’après le Baromètre de la meunerie, une enquête qui couvre près de 70 % du chiffre d’affaires 2023 de la meunerie. Cette évolution de la marge est en lien avec le recul du prix du blé qui se répercute sur celui de la farine et pourrait aboutir à une hausse de la marge pour 35 % des répondants. Cependant, les meuniers anticipent une augmentation des autres charges : énergie (+4 %), transport (+5 %), salaire (+5 %). Cela pourrait conduire à une dégradation de la marge pour 20 % des entrepises.