Apollonia Poilâne : « La crise me rappelle à quel point nous sommes fragiles, mais aussi la valeur de la communauté »

Nous poursuivons notre grand tour d’horizon des acteurs de notre filière qui font face à la crise du Covid-19. Après Patricia Couderc (Boulangerie de la Tour à Paris), Louis-Marie Bellot (Bellot Minoteries), Stéphane Bravais (METRO France), Eric Kayser (Maison Kayser), Matthieu Labbé (FEB), et Marie-Odile Fondeur (SIRHA et EUROPAIN), nous échangeons cette semaine avec Apollonia Poilâne, dirigeante de la Maison Poilâne (8 boulangeries à Paris et Londres).

Comment analysez-vous la situation exceptionnelle que nous connaissons pour le secteur de la boulangerie ?

La période est inédite. Nos tentatives de la rapprocher d’expériences passée me semble chaque jour pauvre de réponses ou d’aide. En cela, c’est une situation qui est effrayante. En même temps, voir, lire ou entendre la solidarité et les partages qui se mettent en place sont nourriciers pour le présent autant que pour perspective pour l’avenir.

Quelles ont été vos premières décisions face à cette crise inédite ?

Avec mes équipes, nos actions en anticipation et en réaction au confinement a été de protéger nos équipes et de travailler à une continuité de nos services, adaptés à la situation. Le pain est un essentiel, mais servir nos clients en sécurité chaque jour, un indispensable.

Comment avez-vous anticipez le déconfinement et la reprise progressive de l’activité ?

Le confinement nous aura permis d’accélérer la mise en place de notre service de livraison à domicile interne. L’enjeu après le 11 mai, est de nourrir la confiance de nos clients à les servir, nous adapter à accueillir petit à petit, plus de clients. Le déconfinement dessine les contours de la façon dont nous allons pouvoir poursuivre de développement de nos services.

Quels sont, pour vous, les principaux enseignements et les conséquences d’une telle crise mondiale sur tout le secteur ?

La crise me rappelle à quel point nous sommes fragiles mais aussi la valeur de la communauté. Voir l’importance du pain pour nos clients malgré l’évolution de nos consommations, point du doigt que ça reste un essentiel, une nourriture première.

Quels sont, pour vous, les motifs d’espoirs selon vous ?

Je suis si heureuse de voir sur les réseaux sociaux, d’entendre à la radio ou découvrir en magasin l’essor de notre vente de farine pour confectionner du pain à la maison. L’intérêt pour le pain, que ce soit une découverte d’un jour ou un nouveau rite, ne peut qu’inciter à une appréciation de ses symboles et de sa qualité.