Jean-François Loiseau (ANMF) : « Pas de pénurie pour la farine française »

L’explosion conjoncturelle et exceptionnelle de la demande des consommateurs pour la farine en paquets de 1 kg a mis en évidence une situation paradoxale : un conditionnement rare alors que les meuniers français ont su réagir et adapter leurs outils industriels à leur capacité maximale avec des stocks de farine suffisants pour couvrir la demande. Pour Jean-François Loiseau, président de l’ANMF (Association Nationale de la Meunerie Française) : « La raréfaction des paquets de farine dans les rayons de la grande distribution est une réalité, mais évoquer une pénurie en France, 2ème pays européen de production de farine, relève de la pure fiction. » Sur 4 Mt produites chaque année en France, près de 190 000 t sont destinées à alimenter le marché des paquets de 1 kg commercialisés en GMS. Un marché qui représente seulement 5 % de la farine vendue en temps normal et qui doit désormais répondre à l’explosion d’une demande multipliée de 2 à 5 fois depuis le début du confinement selon les premiers résultats d’enquête. « La situation actuelle résulte d’une combinaison de plusieurs facteurs logistiques et industriels liés au conditionnement », explique Jean-François Loiseau. Principal pourvoyeur de sachets de 1kg jusqu’à présent, l’Allemagne privilégie désormais son marché intérieur. Les meuniers français se sont donc pleinement mobilisés pour renforcer leurs capacités de production et de conditionnement afin de répondre à la demande des consommateurs (travail 7/7 et 24H/24, gammes resserrées pour produire les farines les plus demandées…). Face à cette situation inédite, les lignes d’ensachage françaises en paquets de 1 kg destinés à la grande distribution ne sont néanmoins plus suffisantes pour répondre à la demande actuelle. De plus, le ralentissement des transports et des conditions de travail consécutifs à la crise du covid 19 impactent directement les approvisionnements. « Cette situation ne doit pas occulter une autre réalité pour les meuniers : la demande en farine de la part de la boulangerie artisanale et des industries agro-alimentaires s’est écroulée dans le sillage de l’activité économique actuelle alors qu’elle représente normalement 90 % de la farine vendue ! ». Une situation en apparence paradoxale à celle vécue par le grand public mais qui rappelle que la production de farine est destinée à plusieurs types de marchés et consommateurs.