Baguette E.Leclerc bloquée à 0,29 €… les réactions !

Suite à l’annonce de Michel-Edouard Leclerc de lancer une campagne de communication sur la vente des baguettes de pain à 0,29 € maximum (voire jusqu’à 0,23 €) pendant six mois, les réactions ont été nombreuses et vives ! A commencer par un communiqué commun de la Meunerie Française (ANMF), d’Intercéréales, de la FNSEA, de l’AGPB (producteurs de blés) et de la Confédération Nationale de la Boulangerie et Pâtisserie Française (CNBPF). Dans ce communiqué, il est indiqué que : « Alors même que les cours des céréales, et par conséquent de la farine, connaissent des prix élevés, que les coûts de production (énergie, salaires, etc.) progressent fortement et que la moyenne du prix de la baguette, en France en 2021, selon l’INSEE est de 0,90 euros, le groupe Leclerc annonce des prix volontairement destructeurs de valeurs. Alors même que le gouvernement et l’ensemble des filières travaillent pour rémunérer justement les agriculteurs, Leclerc lance une campagne destructrice de valeurs pour tous les maillons de la filière céréalière française. Alors même que le savoir-faire et la qualité de la baguette française sont en passe d’être reconnus par l’UNESCO, l’excellence des agriculteurs, des collecteurs, des meuniers et des boulangers, que le monde nous envie, est bradée. Dans ces conditions, la filière céréalière s’interroge sur les prix pratiqués par les magasins Leclerc et se demande qui peut en vivre dignement et sur quels produits vendus aux consommateurs les magasins Leclerc compenseront cette vente.» Dans un communiqué du 12 janvier, la Confédération dénonce même une « nouvelle provocation ! Combien de boulangers va-t-il plomber avec cette pratique déloyale ? » La CNBPF ajoute que « Chaque boulanger sait que tout produit fabriqué “maison” a un prix, que celui de la baguette, sur les 20 dernières années, a augmenté moins que l’inflation générale, et qu’elle reste à un prix très raisonnable eu égard aux tensions haussières actuelles des matières premières : le blé et la farine. Doit-on rappeler que la boulangerie artisanale est le seul commerce à vendre un produit quotidien de moins de 1,50 € ? ». De même, François Bultel, co-fondateur du réseau ANGE répond sur les réseaux sociaux à Michel-Edouard Leclerc en précisant que : « Monsieur Michel-Edouard Leclerc, vous avez raison sur 1 point : Il y a des symboles qu’il faut défendre ! La baguette, un symbole du bon goût et de la tradition française, ne peut donc pas être traitée de la même manière qu’un litre de pétrole. Non, vous ne gagnez pas d’argent avec une baguette à 0,29 €. Vous le savez. Non, vous ne contribuez pas au revenu des agriculteurs, à la qualité et l’image du pain français, à la valorisation du métier de boulanger. Ange revendique d’acheter au bon prix des farines françaises CRC, garantissant un revenu réel à l’agriculteur, de fabriquer dans chaque boulangerie son pain selon des recettes exigeantes et continuera d’investir dans son école de formation et des centaines d’apprentis tous les ans. Et, même si nous sommes connus pour avoir des prix très accessibles, nous assumons et sommes même fiers des raisons qui nous interdisent de vendre la baguette Ange à 29 centimes. » De son côté, le Président des Centres E.Leclerc a répondu directement à toutes ces réactions sur les réseaux sociaux également : « Alors qu’elle est déjà fortement plébiscitée par les consommateurs, des voix s’élèvent (professionnelles, syndicales…) prétextant qu’on ne la vend pas assez cher… alors que l’inflation repart. Ces gens-là marchent sur la tête ! ». Michel-Edouard Leclerc ajoute que : « Ça fait plus d’un an que la baguette blanche 1er prix est vendue (sans problème) entre 0,24 et 0,32 € dans les centres E.Leclerc, mais aussi dans les magasins concurrents les plus performants. Une enseigne en a d’ailleurs fait une opération nationale à 0,29 € il y a quelques mois, sans que la FNSEA n’y trouve à redire. On n’a pas annoncé une baisse de prix, mais un blocage du prix, et 0.29€ c’est le prix moyen, au niveau national, chez E.Leclerc. Le coût matière pour fabriquer une baguette, c’est environ 14% du prix de vente. Ça laisse de la marge pour payer les salaires, l’électricité et les impôts… non ? Merci de nous donner l’occasion de le rappeler : 2.000 boulangers travaillent dans notre enseigne, et vue la part de marché, ils ne doivent pas fabriquer du si mauvais pain. Merci à ces collaborateurs ! Certains s’inquiètent qu’à ce prix-là on ne puisse pas accepter de hausses sur le prix des céréales. Eh bien nous avons passé deux hausses de tarifs (les meuniers le savent, l’indignation de leur syndicat est bien hypocrite…) et si ça continuait de flamber, on rognera sur nos marges, même avec un prix de la baguette à 29 centimes. Il faut démystifier. Même si le blé augmentait de 30%, l’impact sur le prix de vente de cette baguette serait de…1 centime. Donc pas de quoi s’affoler ! Ah et bien sûr nos boulangers s’approvisionnent auprès des meuneries françaises. » Et de conclure par un « Cette polémique est nulle. Je comprends que les artisans boulangers râlent. Après tout, nous sommes concurrents ! Mais ce qui est consternant dans cette histoire c’est que tous les donneurs de leçon ont l’air d’habiter dans les quartiers chics et de méconnaître les prix dans nos supermarchés de banlieue et de province. Oui, la baguette blanche 1er prix n’est pas la plus vendue (30% des ventes), mais on en vend quand même des millions. Et c’est un marqueur du pouvoir d’achat pour des centaines de milliers de familles françaises qui sont à l’euro près quand elles font leurs courses. » De quoi alimenter les prochaines rencontres et événements de la boulangerie-pâtisserie dans les prochaines semaines !