La meunerie française fait le bilan d’une année 2022 bouleversée par la hausse des coûts

A la veille de sa Convention annuelle qui se déroulera le 16 juin à Paris, l’Association Nationale de la Meunerie Française (ANMF) a choisi une thématique résolument tournée vers l’avenir : “Défi Blé 2040”. A l’heure ou l’inflation fait l’actualité, l’ANMF souhaite ainsi souligner que les meuniers n’ont pas répercuté l’ensemble de la hausse des coûts des matières premières, de l’énergie et des salaires dans les prix de farine, et ont ainsi contribué à limiter l’inflation alimentaire. Les entreprises ont des marges historiquement faibles, avec des conséquences immédiates sur leur capacité d’investissement alors que les défis à relever sont nombreux. Ces défis environnementaux, sanitaires, de création de valeur, de réponses aux attentes sociétales seront au cœur de la Convention “Défi blé 2040”. En 2022, les meuniers ont transformé 5,1 millions de tonnes de blé français. La production de farine se stabilise à 3,96 millions de tonnes, confirmant que la baisse des volumes en 2020 était conjoncturelle et directement liée  à la crise Covid. La répartition entre les différents marchés reste également stable, la panification représentant 63 % des volumes. Après la farine de blé, ce sont les farines de seigle, de sarrasin et d’épeautre qui sont les plus produites, mais à des volumes sans commune mesure : respectivement 14 800 tonnes, 11 500 tonnes et 7 700 tonnes. Depuis 2018, la France importe plus de farine qu’elle n’en exporte. Les volumes d’imports et d’exports de farine restent faibles, respectivement 269 000 tonnes et 186 000 tonnes en 2022. Les échanges se font principalement avec l’Union Européenne. L’Allemagne est la première origine des imports (67 %), principalement pour la farine en sachet vendue en grande distribution. L’Europe représente la première destination des farines françaises, suivie de l’Asie (9 %) où boulangers et chefs recherchent la qualité française pour faire rayonner la baguette de tradition française. Au niveau des entreprises : après un recul régulier du nombre de moulins en France jusqu’en 2020, et la restructuration des activités des acteurs majeurs ces dernières années, 395 moulins sont recensés en 2022, dont 30 % représentent 95 % des volumes. La production de farine par des agriculteurs se développe, activité marginale en volume mais qui illustre l’attrait pour ce métier. Pour accompagner ces nouveaux acteurs dans l’excellence opérationnelle et qualitative qui est la marque de la meunerie française, l’ANMF a ouvert ses statuts et mis en place une adhésion spécifique et adaptée. Le début de l’année 2023, montre une baisse des prix de marché du blé et de l’électricité qu’il faut distinguer du prix des contrats. Les contrats d’électricité signés au second semestre 2022 pour l’année 2023 sont à des prix très élevés (+300 % et parfois jusqu’à +700 % par rapport à 2021). Concernant le prix du blé, tout dépend de la couverture des achats des entreprises. Enfin, les salaires poursuivent leur progression avec déjà +4 % depuis janvier 2023 pour le premier niveau de la convention collective des métiers de la transformation des grains. Ce sont l’ensemble de ces facteurs qui pèsent sur l’évolution du prix des farines. A l’heure où la pression sur les acteurs de l’alimentation est importante pour que les prix baissent en magasin, l’ANMF rappelle que l’inflation du prix du pain, produit phare à base de farine, est deux fois inférieure à l’inflation alimentaire.