Eric Kayser : « Cette crise va faire très mal à l’artisanat dans sa globalité »
Nous poursuivons notre grand tour d’horizon des acteurs de notre filière qui font face à la crise du Covid-19. Après Patricia Couderc (Boulangerie de la Tour à Paris), Louis-Marie Bellot (Bellot Minoteries) et Stéphane Bravais (METRO France), nous échangeons avec Eric Kayser, fondateur des boulangeries éponymes (plus de 200 magasins répartis dans une trentaine de pays). Il nous livre son analyse de la situation et surtout l’impact de cette crise sur son activité et sur l’artisanat dans sa globalité.
Comment analysez-vous la situation exceptionnelle que nous connaissons pour le secteur après plus d’un mois de confinement en France ?
La situation est identique dans le monde entier : si les gouvernements n’imposent pas le confinement, les gens ont peur et se confinent d’eux-mêmes. Donc, nous subissons cette crise dans l’ensemble des pays ! Dans cette période très compliquée, il faut savoir gérer entre le CA généré dans chaque magasin et la masse salariale à mettre en face. Mais la vie continue et les gens s’organisent : on retrouve un peu plus chaque jour des clients qui veulent non seulement du pain mais aussi des gâteaux à partager en famille ; je connais beaucoup de clients qui en ont marre de préparer 3 repas par jour pour toute la famille !!!
Quelles ont été vos premières décisions face à cette crise inédite, vous qui avez aussi de nombreuses boulangeries dans le monde entier ?
Dans certains pays où la restauration et le café occupait une part importante de notre activité, nous avons dû fermer complètement les boutiques. Dans tous les autres cas, nous sommes restés ouverts quand cela était possible, en acceptant une perte considérable de CA (60 % en moyenne). Nous avons équipé nos boulangeries de plexi, nos équipes de masques pour ceux qui le souhaitaient et bien sûr de matériel de désinfection et gel hydroalcoolique.
Anticipez-vous déjà l’après confinement et la reprise prochaine de l’activité ? Quelles seront vos décisions ?
Oui bien sûr, ça se fera par étape, car on ne récupèrera pas l’intégralité de nos espaces et de nos clients. Je pense notamment à nos clients hôtels et restaurants qui, je l’espère, pourront eux aussi se relever de ces mois de non activité forcée. Pour l’heure, tant que le gouvernement n’a pas annoncé son plan de relance précis, il m’est difficile de vous répondre.
Quels sont, pour vous, les principaux enseignements et les conséquences d’une telle crise mondiale sur tout le secteur ?
Cette crise va faire très mal à l’artisanat dans sa globalité, tous métiers confondus. Il va falloir se relever en trouvant d’autres façons de faire du commerce, de faire son travail. La productivité française qu’on nous envie un peu partout dans le monde sera bien en peine.
Quels seraient les motifs d’espoirs selon vous après une crise d’une telle ampleur ?
Que le pain retrouve enfin la place qu’il n’aurait jamais dû quitter : être un produit d’exception sur la table des Français !
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